La cause et l’amitié
par Laurent Choain, article publié dans la Harvard Business Review France
L’une des définitions du leadership est la capacité à aligner les intérêts particuliers sur l’intérêt collectif. L’un des moyens généralement évoqués est le sens. La cause, ce serait un sens qui dépasse l’individu mais dont il a envie et conscience pour transcender sa vie.
La tradition associe cette idée de sens supérieur à des prises de position pouvant conduire à un engagement extrême, sans compromis. La guerre, la résistance, la manifestation, les émeutes, c’est le courage physique qui testerait les limites de l’engagement métaphysique. Mais le résistant courageux en train d’expirer silencieusement sous la torture pense-t-il à la cause qu’il défend ? Nous n’avons souvent, dans notre génération et notre civilisation occidentale, que des exemples esthétisés (le récit, le cinéma, le théâtre, la littérature, la chanson…) de cette réalité. Le chant justement, celui des partisans, s’il célèbre l’engagement pour une cause, ne commence pourtant pas par la cause. Il commence par « ami ».
Pourquoi le « sens » est-il un faux ami dangereux en entreprise
Dans les marronniers de la pensée managériale, le « sens » occupe sans doute la plus haute marche du podium. Son absence est la cause de tout dysfonctionnement, sa quête le début du remède à tous les maux des organisations. Pour le stratège, pour le manager, pour le consultant, pour le coach, pour le professeur, pour l’étudiant, le problème comme la solution, c’est le sens. Pour le conférencier TED à plus d’un million de vues, la seule question valable, primordiale, c’est « pourquoi ». Pourquoi d’ailleurs n’a-t-il pas poursuivi ses études et ses recherches ? Peut-être aurait-il pu défier son propre raisonnement en se demandant comment – et non pourquoi – une entreprise de la grande distribution, fondée sur l’idée très chrétienne et sociale de l’association de ses salariés à l’actionnariat de l’entreprise couplée à l’emploi à vie, peut maintenir leur engagement quand cette promesse devient intenable, à l’heure de la digitalisation à marche forcée. Il n’est pas raisonnable de penser que l’entreprise est une société à part, qui échappe à l’absurdité fondamentale que décrivait Albert Camus. Même les organisations qui semblent le plus guidées par le sens le confondent en fait avec une notion beaucoup plus forte, qui résiste même à la disparition, à la fin de l’entreprise, qu’on la quitte ou qu’elle disparaisse : l’amitié professionnelle. Qu’est-ce que l’amitié professionnelle et comment la développer ?
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