Le Groupe PRISME a analysé les publications scientifiques les plus récentes pour séparer le vrai du faux sur l’efficacité du vaccin développé par le laboratoire britannique AstraZeneca et l’université d’Oxford. Nous avons souhaité partager ces éléments clés avec vous, sans langue de bois et d’une manière intelligible.
Un vaccin efficace auprès de toutes les tranches d’âge
Une analyse récente reprenant 4 essais cliniques au Royaume-Uni, au Brésil et en Afrique du Sud confirme l’efficacité du vaccin AstraZeneca: 76% dès le 22ème jour après la 1ère dose et plus de 82% lorsque les deux doses sont espacées de 12 semaines (Source: Etude Lancet. 2021 6-12 March; 397(10277): 881–891). Un score élevé, même s’il reste inférieur au 95% de Pfizer BioNTech et au 94% de Moderna après deux doses. Ces résultats sont corroborés par les résultats de la phase III aux Etats-Unis, qui confirme une efficacité à 76% du vaccin.
Une étude écossaise publiée le 19 février 2021 confirme par ailleurs une réduction de 94% du risque d’hospitalisations après la première dose du vaccin AstraZeneca, y compris pour les personnes âgées. C’est un point majeur que chacun doit bien garder présent à l’esprit lorsqu’il ou elle choisit de se faire vacciner (ou pas !). « Lorsque l’on fait une seconde vaccination avec ce vaccin trois mois après la première dose, son efficacité […] est aussi importante que les autres vaccins », estime le Pr Anne-Claude Crémieux, professeure en maladies infectieuses à l’hôpital Saint-Louis à Paris et membre de l’Académie de médecine, au vu des résultats complets.
Malgré un manque initial d’information sur les seniors, le vaccin AstraZeneca confirme enfin son efficacité sur toutes les tranches d’âge, y compris les personnes âgées : 85% pour les 18-64 ans, 79% pour les 65-79 ans et 81% pour les plus de 80 ans, 28 à 34 jours après la première injection. C’est une excellente nouvelle, encore trop peu connue.
Quelle efficacité contre les variants ?
Le vaccin AstraZeneca est recommandé dans tous les pays « même si des variants du virus sont présents » indique l’Organisation mondiale de la Santé. Toutefois, comme d’autres vaccins contre la COVID-19, son efficacité est plus faible sur certains variants.
Contre le variant anglais : « Le vaccin AstraZeneca est efficace contre le variant 501Y.V1 (anglais) » indique le Conseil d’orientation de la stratégie vaccinale en France dans un Avis du 18 février 2021. L’efficacité du vaccin d’AstraZeneca contre le variant anglais n’a pas différé de façon statistiquement significative par rapport aux autres variants : 74,6 % d’efficacité avec un Indice de Confiance à 95 %. Nous rappelons que le variant anglais est le variant de loin le plus présent en France à ce jour et également celui à l’origine de deux tiers des contaminations. Une évaluation de grande ampleur, publiée le 10 mars dans le British Medical Journal, aboutit à des conclusions inquiétantes : le variant anglais serait 64% plus mortel d’après les conclusions des chercheurs à l’université d’Exceter et de Bristol.
Contre le variant sud-africain : « Il existe à ce jour un doute concernant l’efficacité du vaccin AstraZeneca contre le variant 501Y.V2 ayant émergé en Afrique du Sud », informe le Conseil d’orientation de la stratégie vaccinale en France. Selon les résultats préliminaires d’une étude de l’université du Witwatersrand (Johannesbourg) publiée le 7 février 2021, le vaccin AstraZeneca « offre une protection minimale contre l’infection légère à modérée » par le variant sud-africain, avec une efficacité moyenne de 22% contre ces formes modérées. Toutefois, le vaccin AstraZenecca reste davantage efficace contre les formes graves causées par ce variant sud-africain. Ce serait les vaccins à ARN messager qui conserveraient le plus leur efficacité contre le variant sud–africain, malgré une forte baisse d’efficacité également dans leur cas (voir tableau de synthèse ci-dessous).
Contre le variant brésilien : A ce stade, nous ne disposons pas de données suffisante pour juger de l’efficacité de l’un ou l’autre des vaccins disponibles. L’impact de la vaccination sur ce variant est encore en cours d’étude.
Le tableau suivant résume les éléments connus à ce jour, en comparant l’efficacité de l’ensemble des vaccins sur ces trois variants qui inquiètent.
Mise à jour au 15 mars
Que penser de la suspension temporaire du vaccin AstraZeneca au Danemark, en Norvège, en Islande, en Bulgarie, en Irlande, en Allemagne et en France le 11 mars et les jours suivants?
Le Danemark, la Norvège, l’Islande, L’Irlande et la Bulgarie ont les premiers suspendu par précaution et jusqu’à nouvel ordre l’utilisation du vaccin AstraZeneca contre le Covid-19, en raison de craintes liées à la formation de caillots sanguins. L’Agence européenne des médicaments avait recensé 30 cas de thrombose sur cinq millions de personnes vaccinées.
Par ailleurs, l’Autriche, l’Estonie, la Lituanie, la Lettonie et le Luxembourg ont mis de côté les doses provenant du lot ABV5300, utilisé en Autriche et suspecté d’avoir contribué au décès d’une infirmière de 49 ans victime de troubles de coagulation – un lot qui a été distribué dans 17 pays au total, dont la France. L’Italie a de son côté mis au rebus un lot unique de vaccins (le lot ABV5811), par précaution, après la mort d’un enseignant vacciné la veille dans la région du Piémont.
La Thaïlande et la République Démocratique du Congo (RDC) ont ensuite décidé de retarder la vaccination par le vaccin AstraZeneca « par précaution » (!).
Le 15 mars au matin, les pompiers des Bouches-du-Rhône ont décidé de stopper la vaccination de leur propre personnel, après la déclaration «d’effets indésirables sérieux 48 heures après une injection» de ce vaccin sur un pompier des Bouches-du-Rhône. Le colonel Grégory Allione, patron du SDIS13 et par ailleurs président de la Fédération Nationale des Sapeurs-Pompiers de France, indique que celui-ci a été victime d’une «sérieuse réaction d’arythmie cardiaque». Le pompier en question «va mieux» et il pourrait sortir mardi 16 mars matin de l’hôpital. Une enquête est en cours afin d’établir si son malaise a un lien avec l’injection AstraZeneca qu’il a reçue.
Ces décisions locales en chaîne, et notamment la suspension temporaire décidée en Allemagne le 15 mars après-midi, ont amené la France à suspendre l’utilisation du vaccin AstraZeneca dans la foulée, à titre préventif, dans l’attente d’un avis européen jeudi 18 mars. Le contexte est éminemment politique au sein de l’Europe, et la France aurait pu se retrouver isolée si elle n’avait pas suivi la position de l’Allemagne.
Cette suspension temporaire dans de nombreux pays étrangers avait été critiquée comme une étant une application « injustifiée et excessive du principe de précaution« . Selon Jean-Louis Montastruc, médecin, professeur en pharmacologie médical au CHU de Toulouse et membre de l’Académie de médecine,« il n’a pas été démontré qu’il existait une relation entre les cas de thromboses et l’utilisation du vaccin AstraZeneca. C’est vraisemblablement une association fortuite […]. En France, il y a un cas et il n’est absolument pas en rapport avec le vaccin, il n’y a pas de démonstration qu’il puisse être lié au vaccin. Chaque jour, il y a en France et dans le monde des milliers de thromboses qui surviennent indépendamment des vaccins. Donc, il n’y a pas de raison de penser qu’il peut y avoir ce type d’association. »
Jusqu’à la suspension temporaire en Allemagne et France décidée le 15 mars, les professionnels de santé s’étaient exprimés de de manière quasi unanime contre les suspensions. Le professeur Xavier Nassif, Directeur de l’Institut Pasteur de Lille résume leur constat: « Rattacher un événement qui peut être un épiphénomène, lié à tout autre chose, à l’injection d’un vaccin me parait extrêmement compliqué et préjudiciable« .
Mise à jour au 18 mars
L’Agence Européenne des Médicaments a confirmé le 18 mars 2021 que Le vaccin AstraZeneca « est une solution sûre et efficace »
Très logiquement l’Agence Européenne des Médicaments a rendu un avis POSITIF sur l’utilisation du vaccin AstraZeneca. Elle a confirmé les bénéfices de ce vaccin, qui sont bien « plus importants que ses risques », ouvrant la voie au redémarrage de son utilisation au sein de la Communauté Européenne et au-delà. L’Italie et la France ont immédiatement décidé de mettre fin à la suspension temporaire, avec un redémarrage des vaccinations dès le 19 mars après-midi. Les autres pays ont suivi dans les jours à venir, à l’exception du Danemark où la suspension temporaire a été prolongée de trois semaines.
Toutefois, pour beaucoup, le dommage lié à la cascade de suspensions temporaires est important et durable.
Mise à jour au 29 mars
L‘Agence Nationale de Sécurité du Médicament (ANSM) qualifie les risque de thrombose de « très rares ». La Haute Autorité de Santé (HAS) recommande l’utilisation du vaccin AstraZeneca pour les personnes âgées de 55 ans ou plus.
L’Agence du médicament (ANSM) a confirmé vendredi 26 mars l’existence d’un risque, qualifié de « très rare », de thrombose atypique associé au vaccin AstraZeneca, après le décès d’un étudiant en médecine de 24 ans à Nantes et la survenue de nouveaux cas de thrombose détectés en France. Les autorités soulignent que la balance bénéfice-risque face à l’épidémie reste « positive ».
« Le caractère très atypique de ces thromboses, leurs tableaux cliniques proches et le délai de survenue homogène conduisent le comité de suivi à confirmer la survenue, très rare, de ce risque thrombotique chez les personnes vaccinées par le vaccin d’AstraZeneca. »
Ces cas sont survenus « dans un délai médian de 8,5 jours après la vaccination chez des personnes sans antécédents particuliers identifiés à ce jour », ajoute-t-elle, précisant que sept patients avaient moins de 55 ans, et deux, plus de 55 ans. Ces très rares cas ne ne remettent aucunement en cause l’avis POSITIF sur l’utilisation du vaccin AstraZeneca.
Par ailleurs, l’hypothèse la plus récente avancée par le collectif « Du côté de la science » est que les quelques thromboses graves survenues après l’administration du vaccin d’AstraZeneca pourraient s’expliquer par une erreur dans l’injection du vaccin : le vaccin aurait été injecté dans une veine plutôt que dans le tissu musculaire de l’épaule. Plusieurs indices poussent à inculper le passage intraveineux comme responsable d’un sur-risque de thrombose. L’hypothèse centrale est que cette erreur d’administration provoquerait une réaction auto-immune, conduisant à la formation de caillots de sang. Si l’injection est intraveineuse, en effet, les premières cellules à être repérées par le virus sont principalement les cellules endothéliales (celles qui tapissent les vaisseaux sanguins). « Or, en s’associant aux « héparanes sulfates » – les cellules qui sont situées à la surface des cellules endothéliales –, le virus pourrait engendrer une réponse immunitaire contre certaines protéines du « soi » ; celles qui se trouvent, à ce moment-là, en contact direct avec l’adénovirus », explique Éric Billy, chercheur en immunologie et chef de fil du collectif, qui précise « avoir travaillé avec adénovirus ».
Et pour cause : d’après une étude publiée dans la revue Blood en octobre 2020, la protéine Spike du SARS-CoV-2 agit comme un activateur du système immunitaire et peut induire une cascade immunitaire, jusqu’à conduire à des thromboses. « Ces anticorps vont alors à leur tour induire, par cascade, une activation des plaquettes sanguines, jusqu’à engendrer une thrombocytopénie spécifique… c’est-à-dire une chute de ces même plaquettes, limitant la capacité de coagulation dans votre sang », poursuit le chercheur.
D’autres paramètres, avec différents niveaux de contribution, pourraient associer ce sur-risque de thrombose à l’injection intraveineuse, à l’instar du mécanisme de défense NET (Neutrophil extracellular traps). « Chez les polynucléaires neutrophiles [des globules blancs, ndlr], il existe un mécanisme de défense inné (le NET) qui, tel un filet lâché dans l’organisme au niveau sanguin, a pour but d’attraper les virus », illustre M. Billy. Problème (mis en évidence par plusieurs études) : dans le cas du SARS-CoV-2, ce mécanisme aggrave les éléments thrombotiques chez les personnes atteintes de formes graves du Covid-19. L’injection accidentelle du vaccin dans une veine pourrait, là encore, expliquer la survenue de thrombose par activation anormale du NET. Au final, « l’injection directe des adénovirus dans le sang engendrerait une réponse immunitaire innée et adaptative, l’activation des neutrophiles et le relargage de NET. Puis la formation de thrombus définirait la gravité des thromboses », indique M. Billy.
La vaccin AstraZeneca est actuellement recommandé en France par la Haute Autorité de Sante (HAS) pour toutes les personnes âgées de 55 ans ou plus. Des études sont en cours pour décider si la contrainte d’âge devrait être abandonnée ou pas.
Des doses de vaccin qui risquent d’être perdues dans un contexte d’insuffisance pour parer aux besoins urgents
Pour de nombreux professionnels de santé et pour le Groupe PRISME, le vrai danger n’est jamais venu du vaccin AstraZeneca lui-même au vu des données médicales disponibles, mais de l’application trop large du principe de précaution, qui a créée des doutes en cascade – très vite relayés et amplifiés sur les réseaux sociaux.
Avant les suspensions temporaires, seuls 43% des Français faisaient confiance au vaccin AstraZeneca , d’après un sondage Harris Interactive, alors que 64% étaient prêts à s’immuniser contre le Covid-19, un taux en progression de 8 points depuis le 7 janvier.
En France, la méfiance envers le vaccin d’AstraZeneca s’est fortement accrue depuis la suspension temporaire et la médiatisation des très rares cas de thrombose : 61% des personnes jugent qu’il n’est pas sûr (+18 points par rapport à une étude réalisée en février), contre seulement 23% qui le jugent sûr. En Allemagne, 55% des sondés le jugent dangereux (+15). En Italie et en Espagne, où une majorité des sondés jugeaient auparavant le vaccin sûr, (respectivement 54% et 59%), ces chiffres ont chuté à 36% et 38%. En Suède, davantage de gens considèrent le vaccin AstraZeneca comme étant sûr (43%) que comme ne l’étant pas (34%) tandis que les Danois sont partagés (42% et 42%).
En revanche, au Royaume-Uni, où le vaccin est utilisé massivement et depuis plus longtemps, plus de trois quarts des sondés ont confiance dans le vaccin du groupe anglo-suédois même si ce pourcentage s’est légèrement érodé, passant à 77% (-4). Le singularisme britannique se retrouve au niveau du sondage 🙂
La décision de suspension temporaire en France portera forcément une atteinte grave et durable à la confiance publique envers le vaccin AstraZeneca et envers la vaccination de manière plus large. L’application politique du principe de précaution risque ainsi d’avoir un bilan coût – bénéfices négatif dans le cadre de la campagne vaccinale actuelle, et probablement au-delà de celle-ci.
« Avec toutes les rumeurs qui circulent en ce moment, les gens sont complètement affolés« , constate un médecin généraliste » avec qui nous échangions récemment, basé dans les Yvelines.
Compte-tenu des dégâts d’image et de notoriété, la société AstraZeneca a annoncé avoir obtenu l’autorisation de changer le nom du vaccin le 26 mars: il s’appelle désormais « Vaxzevria ».
Au niveau de la « pénurie » actuelle, 29 millions de doses « Vaxzevria » seraient disponibles en Italie – et la France devrait « récupérer » au moins 2 millions d’entre elles dans les jours et semaines à venir. Au moins la moitié de ces doses reviendraient aux pays de l’Union Européenne.
Un début de scandale: les Etats-Unis bloqueraient l’exportation de 30 millions de doses du vaccin AstraZeneca vers l’Europe et vers le Brésil
En parallèle et dans ce contexte de pénurie et de retards de livraison, les États-Unis bloqueraient l’exportation de dizaines de millions de doses inutilisées du vaccin du laboratoire AstraZeneca – dans un contexte où celui-ci n’est pourtant pas utilisé par les autorités sanitaires américaines (1). 30 millions de doses seraient ainsi actuellement stockées dans une usine AstraZeneca située dans l’Ohio et une 2ème usine dans le Maryland aurait déjà produit de quoi fabriquer des dizaines de millions de doses supplémentaires.
Malgré les demandes européennes, Washington refuse pour le moment de céder ce stock du vaccin. Joe Bidden explique que les Etats-Unis viendront en aide aux autres pays, mais seulement lorsqu’il sera sûr que tous les Américains pourront être vaccinés. Ce sujet fait l’objet d’un vif débat contradictoire aux Etats-Unis et en Europe.
(1) AstraZeneca n’a à ce jour pas demandé l’homologation de la FDA aux Etats-Unis et les États-Unis ne disposent d’aucun plan concret pour une homologation d’urgence comme fait pour Pfizer et Moderna. Une procédure d’homologation d’urgence doit en effet être enclenchée à la demande de l’entreprise : les autorités de réglementation américaines ne peuvent pas en prendre l’initiative. Selon nos informations, AstraZeneca devrait recevoir d’ici quelques semaines les résultats de la phase 3 de l’essai clinique réalisé aux Etats-Unis, et initierait une demande d’homologation par la FDA une fois ces résultats reçus.
Bilan mondial
L’AFP a consolidé les chiffres clés (décès et cas) dans les principaux pays au 28 mars 2021: 2777761 décès. Nous attirons votre attention sur le fait que les données ne sont pas incluses pour la Chine. Selon les chiffres officiels du gouvernement chinois, moins de 5000 personnes seraient décédées du COVID en Chine à date.
Espérons que cet article contribuera modestement à rétablir les faits et dissiper les inquiétudes. Partagez le sans modération !
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